Booba : Le Duc de ses dames

Booba : Le Duc de ses dames

Booba, ou Elie Yaffa de son vrai nom, est un pilier du rap français. Très populaire parmi les anciens et jeunes fans de ce style musical, il est aussi dans de nombreuses controverses. Souvent traité de misogyne, la condition des femmes dans ses textes est souvent critiquée. Une question se pose alors, faut-il dissocier l’art de l’artiste ?

“T’es pas bonne si t’as pas de fesses, t’as walou”. Une frasque  parmi tant d’autres écrite et rappée par le rappeur d’origine Sénégalaise. Celui qui pour beaucoup est une légende vivante de la musique de rue française fait l'objet de nombreux reproches… à juste titre. Cette manière assez réductrice de parler des femmes, les comparant à des instruments sexuels ; “qui vais-je baiser la mienne ou la tienne ?” ou des bonnes ménagères ; “ferme un peu ta gueule, vas me faire un steak frite” lui a attiré de nombreux problèmes lors de sa longue carrière. S’attirant alors les foudres des plus fervents défenseurs des causes à l’honneur des femmes, ces derniers se dressent comme des détracteurs chevronnés du natif de Boulogne-Billancourt. Pourtant, ce style d’écriture, assez provocant et violent, ne serait-il pas l’essence même du rap urbain/hardcore ?

Tel père, tel fils…

Dans une société où la condition des femmes est de plus en plus importante, notamment dans la musique, les textes de Booba sont remis en cause. D’autant plus que celui qui a vendu trois millions de disques est un exemple. Les jeunes rappeurs prennent donc souvent inspiration dans des textes dits “misogynes”. Damso, rappeur belge mais ancien protégé de Booba ou encore Kaaris sont eux aussi décrits comme misogynes. Et qui de mieux que Booba pour leur inculquer cette manière de parler si mal des femmes ? Kopp ,de son surnom, est donc l’une des icônes de cette musique qui prône un machisme ambiant. Une image d’hommes pleins de testostérones, de Bad boys, qui malgré tout se vend bien et permet au rap dit “hardcore” de perdurer depuis 2010 (sa véritable explosion en France). Des phrases brutales et des clips avec des femmes hypersexualisées dans l’époque des prises de consciences et des mouvements comme le #metoo. Pourtant, ne faudrait-il pas dissocier Booba, le rappeur, d’Elie Yaffa l’homme, le père de famille ? Deux personnages, deux conceptions qui se réunissent derrière des vraies valeurs qui n’ont en réalité rien de misogynes. 

“Je n’ai jamais frappé de femmes”

La question de la légitimité des textes se pose évidemment. Que ce soit Booba ou n’importe quel autre rappeur, chaque phrase sur les femmes est, dès lors qu’elle soit prononcée, imprimée. Quand le Duc de Boulogne rap ; “faire le mariage ou l’étrangler” on imagine directement que le rappeur est violent avec les femmes. Pourtant lors d’une entrevue, le multiple vainqueur du disque de diamant affirme ; “Je n’ai jamais frappé de femme. Je n’en frapperai jamais”.  Une certaine scission est alors avancée entre les actes énoncés dans ses textes et la réalité. Pour le père de deux enfants “ça reste de la musique” qui pour lui est comprise par ses fans. “Il y a beaucoup de filles à mes concerts et c’est les premières à chanter ces paroles là”. Il faudrait donc prendre au second degré les multiples phrases qui visent la communauté féminine et ne pas les considérer comme des attaques sexistes ou misogynes. Ce que font les fans du rappeur selon Kopp. Un autre point de vue est avancé, celui que Booba se mettrait, dans certains cas, à la place des filles, qui entre elles-mêmes peuvent très mal se parler ; “Je parle souvent mal d’un certain type de filles, comme certaines filles entre elles peuvent insulter leur copine”. On regrette aussi que l’image du rap et de ses artistes soient liés directement à ses accusations lorsque l’on parle de la condition des femmes dans leurs textes. “On parle aussi de nos enfants, de nos mères, avec beaucoup de respect”.

Depuis que le rappeur d’origine sénégalaise est père de deux enfants, dont une petit fille, Booba s'est adouci dans ses textes. Il veut prouver que des beaux messages d'amour sont envoyés aux filles de leur naissance à leur future vie de femme, mère, épouse. Derrière les coups de communication, les phrases choc, les codes d’une musique qui réclament d’une certaine manière ces textes controversés, se trouve un homme qui, malgré les attaques le traitant de misogyne , reste fidèle à lui-même. Un artiste aussi capable d’écrire une musique pour sa fille Luna avec des paroles touchantes comme ; “À m’asseoir sur un banc, en tenant dans ma main tes petits doigts de femme, tu me laisses croire que Dieu est grand”. Ou pour sa mère dans son plus grand classique “Pitbull” ; “J'aime une femme, elle m'a donné le sein, m'a appris à m'tenir, à différencier l'Homme et le chien”. Comme quoi Booba sous son masque de rappeur, est un amoureux des femmes et sans doute pas le seul. L’habit ne fait pas forcément le moine et dans ce cas, la punchline ne fait pas forcément le misogyne. Pourtant, il reste du devoir de chacun de réaliser qu’un texte de rap reste fictif et que le respect des femmes et d’autrui est primordial dans notre société.

Ismaël El Jamal

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