Ça ne tourne pas rond aux Etats-Unis

Ça ne tourne pas rond aux Etats-Unis

La théorie platiste est une vision fortement propagée sur le territoire de l’Oncle Sam puisque c’est ici qu’elle y tient ses fondements avec l’association de la Flat Earth Society. Cette dernière se sert d'événements divers pour recruter encore plus d'adhérents et rejeter une vérité admise et générale. 

Non, l’affection des Américains pour les pizzas et les Ninja Turtles n'est pas la raison de cette théorie de terre plate. Malgré les preuves scientifiques qui prouvent que notre planète bleue est bel et bien ronde, ces “terreplatistes” avancent des preuves et thèses pour contrer cette vérité vérifiée. Oui, on peut dire que c’est une sorte de théorie du complot, un peu plus sérieuse que celle de Tupac et Michael Jackson en road trip dans un coin isolé d’Amérique du Sud certes. Aujourd’hui encore les plastiques réunissent un nombre important d'adhérents dans le monde, mais surtout aux Etats-Unis avec 16% de la population convaincue par cette théorie. Ces personnes ont leur propre association, la Flat Earth Society, qui se base essentiellement sur la cartographie de la terre pour justifier leurs théories. 

Créée en 1956 par l’anglais Samuel Shenton, elle monte au créneau pour dénoncer une manipulation de l'État américain dans leurs avancées dans le domaine spatial en inventant les photos de la Terre transmises par Explorer 6 en 1959 et les missions lunaires Apollo. L’Américain Charles K. Johnson gère par la suite l’association, au début tout se passait pour le mieux avec une hausse significative du nombre d'adhérents, pourtant, les preuves scientifiques des années 80 vont porter un coup fatal à l’association, elle passe de 3 500 membres à seulement 200. À sa mort en 2001, c’est Daniel Shenton, l’actuel dirigeant, qui reprend le flambeau après 3 années d’inactivité pour l’association, personnage assez téméraire puisqu’il déclare qu’il “ne cessera de nier, même devant des preuves tangibles que la Terre est ronde”. Désormais, la Flat Earth Society est basée en Californie à Lancaster. Elle connaît un essor avec les réseaux sociaux et une histoire qui pousse encore plus les terreplatistes à assumer leur position et aversion des agences spatiales, la mort de Mike Hughes.

Mad Mike, le martyr des platistes

On aurait pu croire à l’introduction d’un personnage Marvel pourtant, c’est tout le contraire et c’est assez triste. Mad Mike ou de son vrai nom, Mike Hughes, cascadeur professionnel et astronaute amateur américain, était un adhérent de la Flat Earth Society. Il s’était alors lancé dans un projet assez fou, vérifier lui-même si la terre était ronde ou non. Je sais que vous avez fortement envie de le juger (moi aussi) mais ce n’est pas vraiment le moment. Le cascadeur construit sa propre fusée dans son garage et déclare : "Je m'attends à voir un disque plat, de là-haut. Mais je serai honnête. Si je vois que la Terre est une sphère ou une boule, je dirai 'les gars, je me suis planté, la Terre est ronde'". Le projet entre en exécution le 22 février 2020, il embarque donc dans sa construction pour monter à 1500 mètres de hauteur. C’est là que le drame se produit, la fusée s’écrase au décollage et Mad Mike meurt sur le coup. Un tragique accident dont les membres de la Flat Earth Society se sont empressés de juger qu’il était totalement médité. Le complot international monté par le gouvernement, des organisations occultes, les agences spatiales, les fabricants de GPS et les services de contrôle aériens serait la cause ce meurtre. Des hommages et des théories sont rendus à Mad Mike, un héros pour les 15 millions d’Américains persuadés que la terre est plate et dans le lot certains pensent également que le lait au chocolat provient des vaches marrons, mais ça, c’est une autre histoire. Cette vision représente notre planète comme un disque plat encerclé par un seul et même Antarctique version muraille de Chine glacée infranchissable. Il est entouré d’un dôme (ou non, les versions peuvent diverger entre différents platistes) qui maintient l’atmosphère en place pendant que les autres planètes et l'entièreté de l’Univers lui tourne autour. Un peu narcissique n’est-ce pas ? À part le super-héros Mad Mike, la raison principale qui permet la prolifération des théories de l’association américaine est actuellement les réseaux sociaux, dont un en particulier.

Internet met les pieds dans le plat.

Entre les platistes et YouTube, l’amour est tout sauf platonique, l’application est en effet la plateforme préférée des membres de la Flat Earth Society. On imagine ses adhérents courir tout nu peint en rouge avec le logo YouTube sur le torse comme s'ils projetaient de partir en guerre contre les responsables du complot de la terre ronde. L’algorithme de l'application a en effet propulsé les vues de ces vidéos propageant ces discours contraires au consensus scientifique selon une étude de The Guardian. L’application a alors communiqué qu’elle “va revoir ses paramètres de diffusion pour minimiser la portée de contenus qui alimentent la désinformation”. Une décision sans réel impact, les réseaux sociaux permettent à toutes les théories de se multiplier et celle des platistes fascine. A tel point que Netflix décide de réaliser la série, Behind the curve, pour se plonger au côté des adhérents à ces idées surprenantes. On aurait espéré que le film des Simpson avec Homer qui balance un globe au-dessus de Springfield aurait suffi, mais visiblement, il a fallu continuer. Pour les membres de la Flat Earth Society, leur principal argument est le suivant : “ne pas comprendre la totalité d’une idée, ne la rend pas forcément fausse”. Cette mentalité rend les discussions totalement impossibles, tant ses adhérents sont forcenés. C’est comme essayer de réunir des filles de 10 ans fan de Taylor Swift ou Justin Bieber pour leur expliquer les dommages que leurs musiques peuvent causer. Selon Pierre Chastenay, astronome et professeur de didactique à l’UQAM : “On est rendu à un niveau qui frise la foi, et il n’y a aucun argument rationnel qui va les convaincre parce qu’on est vraiment sur deux niveaux de discussion ou de conversation qui sont incompatibles”. C’est le principal problème de cette théorie, au-delà d'être totalement réfutée, elle crée une scission entre deux camps qui s’affrontent. La Flat Earth Society ne cesse de s'agrandir et s'appuie sur les réseaux sociaux, les séries et des symboles tels que la mort de ce bon Mad Mike.                                                                         

Ismaël El Jamal

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