Faillite de la plus grande librairie de France : 60 tonnes de livres jetés à la poubelle

Faillite de la plus grande librairie de France : 60 tonnes de livres jetés à la poubelle

Fermée après avoir été placée en liquidation judiciaire, la Grande Librairie Sydney Laurent, à Saint-Laurent-du-Var a été vidée le 21 février. Le gérant n’ayant pas pris la peine de vider les locaux, c’est le propriétaire qui s’en est occupé, se débarrassant d’environ 43 000 œuvres. Du gâchis pour beaucoup et une aberration écologique pour d’autres.

Devant l’ancienne boutique, certains passants et voisins ont fait le déplacement, le 23 février, pour venir récupérer quelques ouvrages et les sauver de leur triste sort. “Je ne comprends pas. Je ne comprends pas que l'on puisse faire cela. Vous regardez les fins de livre, c'est du papier Clairefontaine, dans les Vosges. C'est du français, il y a eu des travailleurs, des arbres coupés, c'est scandaleux, c'est à pleurer”, a déploré une femme au micro de France 3. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont les internautes à s’être indignés d’un tel acte. Beaucoup se sont demandés pourquoi les livres n’ont pas été donnés à des écoles, des bibliothèques, ou des associations, plutôt que d’être jetés dans des bennes.

Les œuvres n'appartenaient pas à Paul Teboul, le propriétaire du local. C’était au gérant de la librairie, Marc-Henry Solange, de s’occuper de vider les lieux. Cependant, ce dernier étant en faillite depuis 2023, il n’était pas en mesure d’assumer les frais pour s’y atteler. La tâche revenait donc au liquidateur judiciaire. Mais selon la loi, il est censé prévenir un à un les auteurs de la situation, dans ce cas-ci, il s’agissait d’environ 8 000 personnes. Une procédure qui prend un certain temps au vu du nombre de livres. La solution proposée au détenteur du local par le liquidateur judiciaire, était qu’il retire lui-même les ouvrages de l’endroit. Impatient et déclarant un manque à gagner d’environ 200 000€ pendant l’année durant laquelle il n’a pas pu louer, il s’en est donc occupé à ses frais, tout en espérant pouvoir obtenir un remboursement plus tard. “L’administrateur judiciaire est obligé de demander une subvention au Trésor pour faire évacuer les livres, mais cela met beaucoup de temps. Donc, il m’a demandé de faire l’avance si je veux vite récupérer mes locaux et c’est ce que j’ai décidé de faire”, explique Paul Teboul à France 3 Provences-Alpes-Côte d’Azur

Ouverte en février 2022, La Grande Librairie Sydney Laurent était devenue la plus grande de France avec ses 1300 m² de surface uniquement dédiée aux livres, plus de 100 mètres de vitrines et trois étages. Le fondateur de cette dernière, Marc-Henry Solange, avait investi plus de 250 000€ dans le projet et voulait mettre en avant les petits auteurs. Il proposait à la vente 70% d’ouvrages publiées avec sa maison d’édition, créée en 2008 et du même nom que sa boutique, avec plus de 38 000 références différentes. “Je travaille pour ma passion et pour le plaisir d'innover dans un domaine qui en a besoin”, déclarait-il. “Quand vous mettez ces jeunes auteurs, méconnus, à côté de grands auteurs, ils prennent de l'importance”. Avant de se lancer, le gérant avait testé l’activité dans un bien plus petit local, de 90m² dans une ville voisine. Les riverains avaient été très heureux de retrouver une librairie proche de chez eux, celle précédente ayant fermé en 2009. En entrant dans les locaux, certains étaient un peu perdus à cause du côté très industriel et de la taille des lieux. Malheureusement pour eux, elle n’aura vécu qu’une année.

Pourtant, Marc-Henry Solange avait voulu marquer le coup le jour du lancement : pendant les quinze premiers jours, pour un livre acheté, un était offert. Il souhaitait rendre aussi la lecture plus abordable avec des E-book téléchargeables et vendus à moitié prix. De nombreux projets étaient prévus avec quinze à vingt séances de dédicaces planifiées tous les samedis avec des jeunes auteurs pour respecter le credo de la librairie et pour les mettre en avant. Avec ses 8 salariés, le gérant était sûr que cela fonctionnerait. “Le Français est très sensible au toucher du papier. En période de crise, on est en hausse constante du chiffre d'affaires. Dans toutes les familles, vous avez des livres ! Le livre, ça marchera toujours”, expliquait-il à France Bleu. La concurrence n’était pas effrayante pour lui. “Il faut de la concurrence, si on veut se battre et gagner ! C'est un challenge que j'adore, déclarait-il toujours à la même chaîne de média. Avant la fin de l’année il avait également planifié l’ouverture d’autres boutiques à Marseille, Bordeaux, Lyon et Paris. Un projet de grande envergure, sans doute trop, qui s’est terminé en 2023 et qui a conduit à la poubelle beaucoup d’ouvrages.

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