Houdini : Eminem ressuscite Slim Shady pour un choc générationnel

Houdini : Eminem ressuscite Slim Shady pour un choc générationnel

Si Eminem se faisait plus discret ces derniers temps, Slim Shady était lui en repos depuis plusieurs décennies. Pourtant, un soir de 31 mai, Eminem ramène son alter ego pour faire ce que le rappeur sait faire de mieux, une satire de la société, acide et provocante.

“Parfois je me demande ce que l’ancien moi dirait, s'il pouvait voir la merde dans laquelle nous vivons aujourd’hui, il dirait probablement que tout est gay”. Du Slim Shady tout craché, un choc générationnel, d’un côté les fans de longue date du rappeur écoute et regarde le clip avec des étoiles dans les yeux. Une nostalgie et affection pour Eminem qui n’est pas forcément partagée par la nouvelle génération, pas vraiment habituée au style de Slim Shady. Plusieurs critiques arrivent sur les réseaux sociaux, appellent à boycotter un Eminem réac, homophobe et misogyne. Bataille de génération donc, pour beaucoup “d’anciens”, Eminem n’est pas seulement un provocateur, mais un passeur de message. Ce qui est surtout apprécié c’est son culot et sa façon de dire ce qu’il pense sans se soucier de ce que les autres peuvent penser. Surtout dans une société ou les personnes se plaignent de devoir toujours faire attention, Shaquille O’Neal légende du basket avait confié il a quelques semaines, “ne plus pouvoir de cette société où tout le monde marche sur des œufs en permanence”. Houdini rassemble les générations, les sociétés et envoie un message fort sur plusieurs sujets. Un titre choisi dans un souci du détail, la rumeur dit que ce titre est en lien avec l'âge de la mort du célèbre magicien Houdini, mort à 52 ans à Detroit dans le Michigan et l'âge d’Eminem qui vient d’avoir lui aussi 52 ans et est né… à Detroit.

Dès le début du clip le thème est posé, Eminem se réveille dans un lit d’un grand manoir ou prône un portrait de Docteur Dre au-dessus de sa tête. Un petit coucou aux personnes qui disaient que le rappeur doit sa carrière uniquement à Dre. Le téléphone sonne et Dr Dre annonce alors à Eminem qu’un portail s’est ouvert ramenant le Slim Shady du début des années 2000 dans le monde actuel. Dès ses premiers pas dans le futur, Shady s’insurge de voir une jeune femme se prendre en photo avec une perche, d’un robot promener des chiens ou encore un homme s’adonner à des activités d’adultes à l’aide d’un casque à réalité virtuel. Le ton est directement donné, “Quel est cette merde” sont les premiers mots de Slim. Eminem ressort alors son iconique déguisement de Robin du clip Without Me datant de 2002. Seulement, en sautant du lit, Eminem tombe, eh oui les années sont passées. Il rejoint alors Docteur Dre qui l’attend en voiture, nouveau clin d'œil à Without Me, l’objectif est d’éviter que Slim Shady prenne le micro seul et s’exprime sur notre monde.

Des clash déjà cultes, Eminem fusionne avec Shady

Dans cette course effrénée, Eminem et Slim Shady vont lâcher à leur tour des punchlines déjà polémiques et reprises par ses admirateurs ou détracteurs. Avec Eminem, c’est soit l’amour soit la haine, les extrêmes pour un rappeur lui aussi extrême. “Si je devais demander à Megan The Stallion si elle voulait collaborer avec moi, est-ce que je vais avoir un shot at a feat ?”. Shot at a feat qui fait référence à l’affaire entre la rappeuse et son ex-copain rappeur Tory Lanez, en prison pour lui avoir tiré dans le pied. Une affaire polémique aux Etats-Unis où beaucoup estiment que Tory Lanez est injustement en prison. R Kelly aussi ne passe pas entre les gouttes, “J’écoute le groupe favori de R Kelly, les Black Guy Pees”, un jeu de mots acerbe entre les Black Eyed Peas et les affaires de R Kelly, connu pour aimer pratiquer des expériences sexuelles tournées autour de l’urine (c’est aussi pour ça qu’il est en prison oui).

Concernant la société, les phrases les plus commentées sont les suivantes, “Mon cat siamois est transgenre, il s’identifie Noir, mais agis comme un Asiatique” ou encore “Mon rap peut être age-appropriate (jeu de mots entre âge et approprié en anglais, qui sonne comme unappropriate), mais je frapperais un enfant de huit ans dans la tête avec un trophée de participation, parce que je n’ai zéro doute, que ce monde tourne veut tout transformer en une sorte de camp scout de fille, c’est ce que veulent les grands bureaux qui pratiquent la censure”. Cette dernière punchline récolte de nombreuses réactions, si certains trouvent cela réac et misogyne, d’autres s’accordent avec Slim Shady pour dénoncer une société ou l’esprit de compétition et le caractère est mal perçu voire diabolisé. La musique évolue autour d’un refrain qui dit “Guess who’s back, back again ? Shady’s back tells a friend”. Oui, Eminem et Slim Shady sont bien de retour et ont prévenu dans la musique qu'ils ne changeaient pas leur état d’esprit, dénoncer, piquer et juger sans se soucier des réactions. Un comportement reconnu par Eminem dans Houdini, “J’arrive sur les morceaux comme un kangourou, je dis une chose ou deux pour vous énerver”. Il ajoute aussi à la fin du son, “Et je vais probablement me mettre dans la merde pour ça, mais vous pouvez tous me s****, en fait, je les emmerde, j’emmerde Dre, j’emmerde Jimmy, je m’emmerde, je vous emmerde et j’emmerde mes propres enfants”. Le seul rappeur capable d’insulter et clasher ses propres enfants, c’est bien Eminem. Une chose est sûre, Houdini soulève les générations et montre à quel point le Slim Shady n’était pas réellement de retour, il n’était, en fait, jamais parti.

Ismaël El Jamal

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