Jean-Luc Verna, une éclaircie dans la pénombre

Jean-Luc Verna, une éclaircie dans la pénombre

Puissantes, tristes mais aussi affublées d’une pointe d’espoir, les œuvres de l’artiste niçois Jean-Luc Verna ne peuvent laisser indifférentes. Reconnu mondialement avec un art qui permet de s’immiscer dans son univers, qui est Jean-Luc Verna ?

“Le dessin c’est la colonne vertébrale de ma vie”. Passionné et dévoué à l’art, l’homme de 56 ans se définit comme un “outil pour l’art”. Une description qui colle avec son physique impressionnant, étant tatoué sur tout le corps, crâne rasé, perciengs, boucles d’oreilles, maquillage noir autour des yeux et dents métalliques. Pourtant l’expression “l’habit ne fait pas le moine” colle parfaitement avec le niçois, décrit par tous ceux qui l’ont rencontré comme chaleureux et rayonnant. Nice, sa ville d’enfance mais aussi de tous les maux et traumatismes vécus. Un début de vie théâtre de plusieurs épreuves pour un jeune homme diffèrent, trop, pour son temps. “J’ai vécu à Nice des années extrêmement violentes, extrêmement pauvres, extrêmement frustrées”. Ce qui le sauvera des griffes de ces épreuves, c'est l’art et la musique. Élève puis professeur pendant 20 ans à la Villa Arson à Nice, c’est l’art qui désormais serait son “unique drogue”. Une ville qui le fit tant souffrir mais également grandir pour parachever son exposition “Vous n'êtes pas un peu beaucoup maquillé ?” débutée en 1995. Une attache également sentimentale, une sorte de redevance à sa grand-mère décédée depuis. “Nice c’est aussi la ville de feu ma grand-mère qui a été une des seules de ma famille à m’aimer. Maintenant, j’essaie de la rendre fière. Comme si je voulais réparer quelque chose”. C’est pourtant un homme nouveau qui revient sur sa terre natale, couronné de succès, exposé au MoMA à New York et fière de présenter un art unique au monde.

Une puissance sombre

Noir. Une couleur qui prône en maître dans les tableaux de Jean-Luc Verna. Une domination nette et sublime qui nous plonge dans une ambiance intime avec l’artiste. L’impression d'être dans son esprit pourtant tortueux, assez inquiétant mais inoffensif. Cette condition n’est pas gênante mais plutôt conditionnante. Elle impose un calme impérial, un calme qui même avec du monde autour des œuvres serait toujours présent en force. Nécessaire pour contraster avec la portée des tableaux, tous atypiques et porteurs de messages différents. Ce tableau de deux amoureux qui s'embrassent, porteur d’amour et d’espoir, proche d’un autre tableau ou un homme est entouré d’un drap dont les plis laissent deviner la forme d’une tête de mort. Amour et mort réunis côte à côte, présentés en noir sans autres couleurs, comme si tout avait une fin en soit et que le décès de l’etre aimé est inévitable en amour. Un bonheur qui engendre une douleur. Outre les tableaux, les photos nues de Jean-Luc Verna font aussi partis de son art, pour lui c’est l’occasion de se corriger, de se parfaire. “Le dessin c’est le lieu de la correction, je corrige mes dessins, mon corps, mon visage, ma syntaxe, ma posture, je me corrige quand je fais une erreur”. En premier lieu, la vue de ses nus peut surprendre, cependant elle épouse parfaitement l’optique de rentrer dans le monde de l’artiste, on voit alors sa création par le dessin mais aussi comment il dévoue son corps à l’art. Corps tant meurtris par les expériences de sa vie adolescente exposé à la drogue ou encore la prostitution. Un corps tatoué, photographié en noir et blanc qui se lie encore une fois pleinement avec les oeuvres exposées. Chacun se voit libre d’interpréter les tableaux à sa manière. Pour certains la violence et la souffrance sont inéluctables, pour d’autres elles sont des expériences qui permettent d’apprendre et de se sublimer. Des dessins qui flirtent en majorité avec la mort. Une mort qui nous est exposée sous un autre angle, telle une accompagnatrice tout au long de notre vie, qui veille sur nous mais saura nous envelopper de ses draps le moment venu. Une expérience personnelle forte et spéciale qui nous fera apprécier d'être au plus proche de cet homme qui nous ouvre les portes de son monde. 

 

Ismael El Jamal

 

 

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