Depuis le 1er janvier 2024, le groupe des BRICS s’est élargi avec 4 nouveaux Etats membres. Ceux qu’on appelle maintenant les BRICS+ se positionnent déjà comme une nouvelle force économique majeure. Ces nouvelles adhésions sont une étape significative dans leur lutte contre l’hégémonie économique occidentale.
Depuis les années 2010, les BRICS reviennent régulièrement dans les conversations politiques stratégiques. Effectivement, ce terme est apparu pour la première fois en 2001, employé par l’économiste Jim O'Neill afin de désigner un groupe géopolitique. Cette coalition regroupe 5 Etats émergents, pesant fortement dans l’économie mondiale, notamment grâce à leur forte croissance. C’est ainsi que depuis 2009, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud se réunissent annuellement lors de sommets.
C’est lors du 15e sommet des BRICS, organisé en août 2023 à Johannesburg, que le groupe a annoncé un élargissement inédit. Celui-ci a pris place le 1er janvier 2024, intégrant officiellement 4 nouveaux Etats, dont l’Égypte, l'Éthiopie, l’Iran et les Émirats arabes unis.
L’ampleur de leur croissance
Aujourd’hui, les neuf pays des BRICS+ représentent près de la moitié de la population mondiale avec 46 % et plus du tiers du PIB mondial avec 35,6 % en 2022, selon les chiffres de la Banque de France.
Étant de base des pays émergents, certains pays des BRICS se sont véritablement imposés depuis les années 2010 comme la Chine, deuxième puissance économique mondiale, mais aussi l’Inde qui occupe la 5e place, selon les dernières données du FMI. De son côté, la Russie, malgré les sanctions économiques engendrées par la guerre, reste un acteur clé grâce à ses ressources énergétiques.
Si le groupe comporte déjà des Etats bien installés sur la scène économique, l’intégration de nouveaux pays comporte une certaine stratégie. Effectivement, avec l’élargissement comprenant notamment l’Iran et les Émirats arabes unis, les BRICS+ possèdent désormais 43 % de la production mondiale de pétrole brut. Une véritable mine d’or de ressources naturelles, pesant extrêmement sur l’économie mondiale.
Vers une coopération économique
Depuis leur création, les BRICS cherchent à étendre leur rayonnement économique. Avec l'inclusion de nouveaux membres, les BRICS+ voient leur influence économique renforcée et leurs espoirs de faire barrage à l’ordre économique mondial dominé par les pays occidentaux sont de plus en plus concrets.
En effet, leur objectif commun est de s’affirmer face aux institutions financières occidentales comme la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Pour cela, le groupe a mis en place des initiatives comme la Nouvelle Banque de Développement (NBD), créée pour financer des projets d'infrastructure et de développement dans les pays membres.
Ce nouveau projet intéresse particulièrement le régime iranien, qui compte dessus pour établir des canaux de paiement en dehors du système bancaire international SWIFT, auquel il ne peut avoir recours en raison des répressions américaines. Pour rappel, les Etats-Unis ont isolé l’Iran du système financier mondial avec de multiples sanctions, notamment à cause de la fin de l’accord sur le nucléaire en 2018.
De plus, leur politique d’indépendance économique ne s’arrête pas là et ils révèlent une volonté de souveraineté financière, en promouvant l’utilisation de leurs devises nationales, afin de réduire leur dépendance au dollar américain. Grâce à ces nouvelles dynamiques, il n’y a nul doute que les BRICS+ joueront un rôle crucial dans la détermination de la direction que prendra l'économie mondiale.
Noémie Yerly