Daghestan, sous la patte du Grand Ours

Daghestan, sous la patte du Grand Ours

Principale république de Ciscaucasie, le Daghestan constitue un enjeu économique important. Territoire stratégique, ressources de gaz ou d’hommes, son indépendance est freinée par la Russie au profit de ces bénéfices personnels.

En 1991, le Daghestan devient officiellement une république de la fédération de Russie. Néanmoins, le territoire a dû composer avec une situation économique critique. L’effondrement de l’URSS porte un coup au commerce dont la fédération était majoritairement dépendante. En 10 ans, la production industrielle est divisée par 3, véritable coup de massue sur la tête des habitants. S'en-suit des tensions économiques, en 1999 une rébellion contre la Russie lancée par des tchétchènes musulmans et des locaux échoue.

Une longue période de peur est alors lancée, le terrorisme fait rage et les attaques sont nombreuses. Le lien étroit entre le Daghestan et l’Etat islamique est également compliqué à gérer, ce dernier étant le plus important fournisseur de russophones. Cette “menace” permanente a donc nécessité un contrôle plus important des forces russes au Daghestan avec de nombreuses opérations anti-terroristes. De plus en plus impliquée dans la politique de la fédération, la Mère Patrie exécute alors des purges contre le gouvernement Daghestanais en fin d’année 2017. La raison serait une corruption beaucoup trop importante au sein des politiques, notamment les ministres et élus. Vladimir Poutine nomme un président en intérim pendant 3 ans, puis en 2020 Sergueï Melikov chef de la république, il sera confirmé par le vote de l’Assemblée en 2021. Une mainmise sur la politique du pays qui permet alors au mieux d’exploiter à son bon vouloir les bénéfices économiques de ce territoire stratégique et plein de ressources. De plus, la Russie peut désormais placer des hommes politiques en défaveur d’une indépendance du Daghestan, ce qui leur serait préjudiciable.

Une économie en difficulté

Des ressources comme le pétrole et le gaz sont présentes sur le territoire daghestanais. Pourtant les gisements de pétrole sont minimes et ne constituent pas une source de revenus importante pour la fédération. Cette dernière s’appuie en majorité dans le domaine agricole qui constitue 1/3 de son économie avec l’élevage d’ovins ou encore la confection de laines. En seconde place se trouve l’industrie et le bâtiment, notamment à l’aide des transformations de denrées alimentaires, la production d'électricité ou encore la fabrication de machines. Cependant depuis 2010, le territoire souffre d’une désindustrialisation incurable, chômage, pauvreté et famine font rage. Il est primordial de trouver une solution au pour sauver les habitants d’un péril certain. Ce qui contraint le Daghestan à s’appuyer sur les aides économiques de Moscou et ses transferts budgétaires fédéraux. Plus que s’appuyer, en effet il y tire pour 70% de son budget annuel. C’est donc là que la dépendance pour la Russie est flagrante et peut être même provoquée par le Kremlin pour empêcher le pays de s'émanciper économiquement et déclarer son indépendance. Comme précisé plus tôt, le gaz est présent au Daghestan, il est même omniprésent. Les réserves de gaz sont tellement conséquentes qu’elles pourraient permettre dans le futur d’offrir une autosuffisance économique aux daghestanais. Impossible pour la Russie de laisser le Daghestan se pourvoir seul.

Indépendance, rêve éphémère

Une auto-suffisance du Daghestan est inimaginable pour le Kremlin et l’espoir du gaz pour les Daghestanais est vite étouffé. À l'aide des grandes enseignes de gaz avec Gazprom, Vladimir Poutine contrôle désormais le marché gazier. Il impose ses lois, quitte à nuire aux intérêts des daghestanais. Ils sont désormais obligés d’importer le gaz à travers les champs sibériens et de ce fait sont contraints à payer des dettes impossibles. De ce fait un cercle vicieux se forme, le Daghestan a des dettes qu’il ne peut payer envers la Russie et doit donc dépendre des aides de cette dernière. L’argent donné par Moscou leur revient directement puisque c’est cet argent que les Daghestanais utilisent pour les taxes et dettes. Le territoire est donc une source inestimable de gaz mais pas seulement. La population est souvent appelée pour des aides militaires, notamment en Ukraine. Des manifestations à l’encontre de la mobilisation sont survenues, rapidement maîtrisées par les forces russes. Cette fédération est également un périmètre géostratégique clé pour la Russie, elle relie la région du Caucase, l’Asie centrale et le Moyen-Orient. Semées de voix de transports et de gazoduc elle est donc utile pour le commerce mais aussi militairement, dernièrement la base navale russe d’Astrakhan s'était déplacée à Kaspiysk sur le littoral caspien du Daghestan. De plus, la crise liée au Covid-19 et la situation instable concernant les hydrocarbures poussent encore plus la Russie a garder sous la main la fédération du Daghestan. Une main d’autant plus ferme lorsque le territoire en question est dépendant économique et possède des hommes politiques placés par la Russie. Cette situation assez tendue concernant le terrorisme a également été une opportunité qui a permis au Kremlin de s’immiscer pour d’assoir son autorité au sein même de la politique du Daghestan. L’indépendance n’est donc pas prête d’arriver pour une fédération sous l’ombre d’un prédateur prêt à lui arracher la gorge au moindre écart, le Grand Ours.

Ismael El Jamal

Retour au blog

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.