En Géorgie, le peuple se soulève contre la loi sur l’influence étrangère

En Géorgie, le peuple se soulève contre la loi sur l’influence étrangère

Depuis début avril, la population géorgienne conteste une loi sur l’encadrement de l’influence étrangère. Proposée par le parti au pouvoir, elle imposera à certaines entités de s’enregistrer comme des “organisations œuvrant pour des puissances étrangères”. Les Géorgiens dénoncent un projet qui entrave leur liberté. 

Une nouvelle crise politique 

La loi sur l’influence étrangère est aujourd’hui vue comme un obstacle par de nombreux Géorgiens. Portée par le parti politique Rêve géorgien, elle vise à limiter la liberté des médias et des ONG et à freiner le rapprochement de la Géorgie avec l’Union Européenne. Le petit État souhaite pourtant adhérer à l’Union Européenne depuis plusieurs années déjà. Ainsi d’après les sondages, 80% des Géorgiens veulent être membre de l'Union européenne, la Géorgie a d’ailleurs obtenu le statut de candidat officiel en décembre dernier. 

Cette future loi pourrait cependant avorter les démarches d’adhésion. En cas d’adoption, la  loi obligera chaque ONG et média qui reçoit plus de 20 % de son financement de l’étranger à s’enregistrer comme une « organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère ». En mars 2023, le gouvernement avait déjà voulu adopter un premier projet similaire avant de renoncer face à la contestation des Géorgiens. Salomé Zourabichvili, présidente du pays et opposante au projet, dénonce ainsi une loi contraire aux aspirations européennes de la population. 

Une loi en faveur de la Russie ?

Ce texte sur l’influence étrangère s’inspire directement d’un autre déjà en vigueur en Russie depuis 2012. Il s’agit de la loi sur les “agents étrangers” qui permet à la Russie de dresser une liste des médias, des journalistes et des associations qui bénéficient d’un financement étranger. Ces organismes et individus sont inscrits comme des “agents de l’étranger” auprès du ministère de la justice et considérés comme des ennemis de la Russie. 

La Géorgie est aujourd’hui divisée entre un gouvernement pro-russe et une population favorable à l’Union Européenne. Bien qu’il soit polémique, le texte a déjà été adopté en deuxième lecture le 1er mai dernier. D’ici la mi-mai, le vote final devrait avoir lieu. De son côté, le gouvernement défend sa loi, expliquant vouloir instaurer une obligation de transparence.

Une contestation toujours intense

Malgré cette première adoption, les manifestations continuent. Des dizaines de milliers de Géorgiens protestent dans la capitale et dans les grandes villes du pays. Les ONG comme Anticorruption Transparency International et Human Rights Watch dénoncent de violentes répressions et des représailles à l’encontre des opposants. 

A la suite de la contestation, l’ambassadeur de Géorgie en France a remis sa démission. Selon lui, les tensions générées par la loi fragilisent les relations de la Géorgie avec les partenaires étrangers. Lors d’une interview donnée au média Le Monde, il a notamment appelé au “retrait du texte”. 

Par Juliette Paul








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