La grève des médecins en Corée du Sud s’intensifie

La grève des médecins en Corée du Sud s’intensifie

Depuis l’annonce du gouvernement Sud Coréen de vouloir augmenter le nombre d’étudiants en médecine pour pallier au vieillissement de la population, nombreux sont les internes à avoir interrompu leur travail et à avoir déposé leur démission, malgré la loi qui leur interdit tout mouvement de protestation.

 

Déclenchée le 20 février et durant depuis plus d’un mois, la grève a tout d’abord débuté chez les jeunes médecins, inquiets d’une possible chute de revenus et d’une érosion des services proposés par les praticiens. Au nombre d’environ 10 000, ils protestaient contre la réforme du quota d’admission dans les universités. Ce quota passerait de 3000 à 5000 étudiants en 2025, un changement trop brutal à leurs yeux. Ils reprochent majoritairement au gouvernement de ne pas expliquer comment ce chiffre a été défini et sur quelles données ce dernier s’est basé pour justifier cette augmentation. Ils arguent qu’une revalorisation de la rémunération et un rééquilibrage de la charge de travail seraient une meilleure idée de réforme plutôt que celle proposée. En effet, les internes peuvent parfois travailler plus de 80h par semaine pour un salaire oscillant entre 2500 et 3000€.

 

Cette grève et ces démissions n’ont pas été sans conséquences : de nombreuses consultations ont été annulées, des opérations reportées et une patiente est même décédée dans une ambulance faute d’avoir été prise en charge à temps. En réaction à ce mouvement inédit, le gouvernement a mis au plus haut son alerte publique de santé et avait annoncé des sanctions si les étudiants ne reprenaient pas le travail avant le 29 février. Et les autorités les ont mises en place. Le 19 mars, c’est la licence de deux médecins qui a été suspendue pour cause d'incitation à la grève. La même procédure avait été également lancée pour les 5000 internes protestataires qui n’avaient pas repris leur poste à la date indiquée. Le 6 mars, un chirurgien avait même été convoqué par la police.

 

Ces derniers n’ont pas le soutien de la population puisqu'elle est à 75% favorable à la réforme. Pour beaucoup, la grève n’est qu’une excuse de la part des internes pour préserver leur salaire et leur statut. La Corée du Sud est l’un des pays développés à avoir un des plus petits ratios de praticiens par habitant, soit 2,6 pour mille individus. En comparaison, en France, ce chiffre est à 3,4. Certains résidents en campagne ont d’ailleurs du mal à avoir accès à des soins qualitatifs. L’augmentation du nombre d’étudiants en médecine pourrait donc aider à remédier à cette pénurie puisque le gouvernement, avec sa réforme, a pour objectif de faire croître de 10 000 le nombre de médecins en 2030. Ces derniers sont nombreux à se tourner vers la chirurgie esthétique ou la dermatologie, des branches bien plus lucratives. Le vieillissement futur de la population n’arrange en rien le problème : en 2050, un habitant sur quatre aura plus de 65 ans en Corée du Sud.

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