“Taxe lapin” : pourquoi la mise en place de cette mesure fait débat

“Taxe lapin” : pourquoi la mise en place de cette mesure fait débat

Évoquée l'année dernière par Emmanuel Macron, la “taxe lapin”, annoncée le samedi 6 avril par Gabriel Attal, vise à sanctionner les personnes qui n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux. Toutefois, la mesure divise dans le monde médical.

Dans le but de “reconquérir du temps médical”, cette amende souhaite être mise en place dès le 1er janvier 2025 afin d’inciter les personnes à se rendre à leurs rendez-vous et à prévenir en cas d’empêchement. “C’est du temps perdu pour nos soignants et les autres patients qui doivent parfois attendre des mois pour obtenir un rendez-vous” s’est justifié le premier ministre sur X.

 

 

Cette pénalité financière à hauteur de 5€ permettrait de récupérer 15 à 20 millions de créneaux médicaux et répondre à la crise du système de soins en ville. En moyenne, c’est 27 millions de consultations qui ne sont pas honorées chaque année.

Toutefois les avis divergent sur cette taxe. Certains pointent du doigt les limites de son efficacité et préféreraient une méthode plus pédagogique basée sur l’éducation plutôt que la culpabilisation. Par exemple en étant obligé de valider son rendez-vous lors de la réception du SMS de rappel quelques jours avant. La mise en place de l’amende ne serait alors qu’en dernier recours ou en cas de récidive. D’autres arguent que la relation entre patients et docteurs pourrait se dégrader avec l’instauration de la pénalité financière puisque chaque médecin pourra juger de la légitimité de la raison de l’absence. Le risque de détournement n’est également pas nul : le praticien, qui recevrait directement l’indemnisation, pourrait être tenté d’en abuser pour arrondir les fins de mois.

Un autre problème important se pose également : le moyen de paiement. Et les solutions proposées ne conviennent pas à tous. Si le rendez-vous est pris en ligne, il suffit de simplement laisser les coordonnées bancaires sur la plateforme. Cependant, nombreux sont ceux qui prennent rendez-vous par téléphone : impossible donc de laisser les numéros de carte bancaires. Catherine Vautrin, la ministre de la Santé et de la Solidarité, a argué que “Le médecin pourra toujours lui redemander 5 euros quand il reverra [le patient]”. Cette solution n’est applicable que si la personne revient chez le même praticien.

De plus, Stanislas Niox-Chateau, président-directeur de Doctolib, principale plateforme en ligne pour prendre des rendez-vous médicaux, a annoncé s’opposer à ce que les patients laissent obligatoirement leurs coordonnées bancaires sur la plateforme. “Il y a 15 % des patients qui sont en situation d’illectronisme [personne sans accès internet ou sans les connaissances nécessaires à son utilisation] et 5 % qui n’ont pas de carte bancaire. C’est impensable d’entraver l’accès aux soins pour eux” a-t-il justifié. Par-delà la frontière, la “taxe lapin” existe déjà. En Allemagne, les patients paient 5€ dès la prise de rendez-vous et sont remboursés plus tard. En Suisse et en Belgique, les médecins peuvent également facturer les rendez-vous non honorés.

Retour au blog

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.