Entre 2000 et 2018, c’est environ 300 000 unions entre un adulte et un enfant de moins de 18 ans qui ont eu lieu. Dans plus de 80% des cas, ce sont des filles mariées à des hommes adultes, parfois, elles sont âgées d’à peine 10 ans.
Dans la pensée populaire, lorsque l’on parle de mariage entre des mineurs et des adultes, beaucoup s’imagine que cela n’arrive pas dans les pays développés. Pourtant, aux États-Unis, c’est possible puisqu’ils partent du principe suivant “les parents savent mieux ce qui est bon pour leurs enfants”. Si l’enfant a entre 16 et 17 ans, un simple consentement parental est suffisant. S’il a moins, l’approbation doit être faite pour la justice.
Sur 50 États, 40 autorisent le mariage avec des mineurs de moins de 18 ans et cinq d’entre eux ne fixent pas de limite d’âge. Parmi les cinq, l’État de Californie, pourtant l’un des plus progressistes. De plus, certains élus ne sont pas au courant du fait que dans leur État, les unions de ce type sont autorisées. Par ailleurs, sur les 193 pays de l’ONU à avoir ratifié la Convention Internationale des Droits de l’Enfant en 1989, seuls les États-Unis ne l’ont pas signé.
Les motifs pour ces mariages sont divers et variés et ils sont souvent forcés. Il peut s’agir de motivations culturelles s’inscrivant dans des traditions d’autres pays, de motivations économiques pour que les parents soient moins en difficulté financière, de motivations religieuses ou bien communautaires dans certaines sectes, de motivations liées à l’immigration pour permettre à un des deux époux d’obtenir un visa et la pire reste celle où les filles sont mariées à leur violeur pour qu’ils évitent une peine de prison.
Très rapide, la cérémonie est un véritable cauchemar pour ces enfants qui rencontrent souvent leur futur mari pour la première fois à ce moment-là. Piégées, elles n’ont pas la possibilité de s’échapper puisqu’en tant que mineures, elles sont considérées comme des fugueuses et raccompagnées chez leurs parents ou leurs époux. Pour divorcer, elles doivent demander l’autorisation à leur tuteur légal et ne peuvent pas avoir le droit à un avocat.
Les conséquences sont souvent tragiques pour ces filles. Plus de 80% des unions de ce type se terminent par un divorce et la jeune fille ou jeune adulte se retrouve parfois à la rue, avec des enfants à charge. Si elles sont mariées avant 18 ans, la probabilité qu’elles développent des troubles psychologiques est plus grande. Elles ont aussi trois fois plus de chance d’être battues par leur conjoint et pour la moitié d’entre elles, elles abandonneront l’école.
Certaines d'entre elles ont le courage de témoigner et elles sillonnent les États pour faire progresser la cause, même si cela reste difficile. Elisabeth Seton, par exemple, est l’auteure d’un livre Maintenant je peux respirer, où elle relate son mariage quand elle était mineure. Lentement mais sûrement, certains États interdisent le mariage des moins de 18 ans sans exception. En 2023, c’était 7 États qui avaient franchi le pas.