K-pop : une industrie entre paillettes, pression et polémiques

K-pop : une industrie entre paillettes, pression et polémiques

La K-pop est aujourd’hui un marché de 4,7 milliards de dollars. Chaque année, la Corée du Sud crée des nouveaux girls band et boys band. Des centaines de jeunes Coréens et Coréennes se battent pour devenir les prochaines idoles. Derrière les paillettes et les rêves de  gloire, la K-pop cache pourtant une face bien plus sombre. 

Entraînements intensifs et isolement

La K-pop est un genre musical qui allie danse, pop, électro, hip-hop et Rock. Née au milieu des années 90, elle mélange des sons coréens à de la musique occidentale. Les chansons ont des refrains répétitifs, des airs entraînants et des paroles souvent traduites en Anglais. Depuis plusieurs années, la K-pop séduit de plus en plus les pays occidentaux. SM Entertainment, JYP Entertainment et YG Entertainment, les maisons de disques leader de l’industrie, dégagent ainsi chaque année des centaines de milliards de wons à elles trois.

Comment devient-on une idole ? Tout commence dès l’adolescence, les futurs talents sont repérés à un jeune âge par des agences. Ils suivent ensuite des entraînements intenses après l’école avec des cours de danse et de chant. Chaque mois, les jeunes passent des tests pour savoir s’ils peuvent poursuivre leur entraînement ou si leur carrière s’arrête. Une dizaine d’entre eux est sélectionnée chaque année pour devenir des apprentis. Une fois choisis, ces apprentis continuent leur formation intensive pendant deux ou trois ans, après cette période moins de la moitié intègre un groupe.

Pression psychologique et critère physique 

Les académies de formation des stars sont souvent austères, et les potentielles idoles sont logées dans des dortoirs partagés. Le rythme des formations est directement inspiré de l’armée coréenne. Les talents travaillent ainsi du matin au soir, loin de leur famille, et n’ont pas de vie privée. Leurs portables sont d’ailleurs confisqués. La K-pop est encore plus impitoyable avec les filles. Celles-ci sont pesées tous les jours et tout ce qu’elles mangent est surveillé. Ainsi les jours où une apparition à la télévision est prévue, elles ne prennent qu’un seul repas. 

Pour former un apprenti, les agences investissent 100 000 dollars par an, et veulent récupérer rapidement leur mise. Une idole doit avant tout être rentable. D'ailleurs, si le talent échoue, il doit rembourser les frais dépensés pour le former. Ryu Sera, ancienne chanteuse de K-pop dénonce un système où les artistes sont “des produits remplaçables”. La Carrière de l’idole est basée sur sa valeur, c'est-à-dire que si elle ne se démarque pas, elle peut tout simplement être remplacée. 

Des suicides réguliers

La vie privée des stars et des apprentis est complètement surveillée et ils doivent adopter un comportement irréprochable. Les apprentis et les stars ne peuvent pas avoir de relations amoureuses, ni boire de l'alcool et prendre des drogues. Certains labels ont déjà licencié des stars qui s’étaient avérées être en couple et suspendu des groupes qui avaient consommé de la Marijuana par exemple. 

En dehors de son redoutable processus de formation, la K-pop est une industrie qui a connu plusieurs scandales ces dernières années. Le  mouvement Me Too a révélé de nombreux cas de viols commis par des producteurs et des labels sur les idoles. Plusieurs chanteurs comme Jung Joon-young ont aussi été condamnés pour viol en réunion. La pression intense et le harcèlement poussent de nombreuses stars à commettre l’irréparable, comme Goo Hara et Sulli. 

Avant de se tuer, la chanteuse Sulli, était devenue une cible sur les réseaux. Son calvaire a débuté après qu’elle a posté une photo d'elle portant un tee-shirt sans soutien-gorge avec un message féministe. Goo Hara, était elle aussi cyber-harcelée depuis qu'elle avait été victime de revenge porn par son ex-petit ami. Les deux jeunes femmes ont mis fin à leurs jours, après avoir publié un dernier message sur Instagram. En Corée du Sud, où la société est hyper compétitive, le suicide reste aujourd’hui la première cause de décès chez les moins de 40 ans.

Juliette Paul
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