Le tribunal médiatique, l’ennemi de la présomption d’innocence

Le tribunal médiatique, l’ennemi de la présomption d’innocence

 Dans notre société hyperconnectée, la manière dont les médias traitent l'information a un impact considérable sur l'opinion publique. Un phénomène en particulier, connu sous le nom de "tribunal médiatique", suscite des préoccupations. 

Depuis ces dernières années, la parole s’est libérée quant à de nombreuses affaires criminelles, et particulièrement d’agressions sexuelles. Le mouvement #MeToo a mis en lumière de nombreuses situations, permettant de révéler des comportements inacceptables. C’est aussi le cas des scandales politiques qui sont de plus en plus relayés et affichés dans les médias. 

Nouveauté de notre époque, dans chaque affaire judiciaire, l’accusé est confronté au jugement de l’opinion publique avant tout procès. Ainsi, le système judiciaire se heurte à un tout nouvel enjeu, celui de la couverture médiatique et des réseaux sociaux.

Effectivement, quand une nouvelle affaire est révélée publiquement, il est récurrent qu’elle subisse le sort du « tribunal médiatique ». Cette tendance fait référence à la manière dont les médias peuvent influencer l'opinion publique et, dans certains cas, donner l'impression de juger des individus ou des situations avant que le système judiciaire n'ait rendu son verdict.

La pression de l’opinion publique 

Cette tendance, bien que souvent motivée par un désir de transparence et d'information, comporte des risques et des conséquences. L'une des principales préoccupations est que la couverture médiatique peut compromettre la présomption d’innocence. Les personnes accusées peuvent être perçues comme coupables avant même d'avoir été jugées. Un droit pourtant fondamental, inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. De plus, les juges et les jurés peuvent être influencés, consciemment ou non, affectant possiblement l’impartialité du procès.

Le tribunal médiatique peut aussi être synonyme d’une justice expéditive. Certaines personnes ne vont pas se renseigner véritablement sur le sujet ou l’affaire en cours, prenant en compte que les seules choses qui apparaissent rapidement derrière leurs écrans. Ce qui est loin d’être assez pour se faire une opinion constructive et objective. 

De cette façon, les accusés ciblés par une couverture médiatique intense peuvent voir leur réputation et leur vie privée gravement affectées, même s'ils sont ultérieurement acquittés. Ce nouveau phénomène, aux répercussions sérieuses, pose des défis importants pour la justice et la société. Il devient nécessaire de rappeler l’importance de trouver un équilibre entre le droit à l'information et la protection des droits des individus.

 

Noémie Yerly 

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