Mini-miss aux Etats Unis : une industrie polémique

Mini-miss aux Etats Unis : une industrie polémique

Aux Etats-Unis, les concours de mini miss sont toujours aussi populaires. Ouverts aux fillettes de moins de 10 ans, ils permettent aux gagnantes de repartir avec des cadeaux, de l’argent et parfois même de les propulser dans le mannequinat. Présentés avant tout comme un jeu, ces concours ne sont pas sans conséquences pour leurs jeunes participantes.

Un divertissement populaire

Les concours de mini miss font partie intégrante de la culture populaire américaine depuis le XXème siècle. Outre Atlantique loin d’être un simple divertissement, on parle plutôt d’une institution. Les très jeunes participantes, des fillettes âgées de seulement deux, cinq ou dix ans, vont chez l’esthéticienne, mettent du rouge à lèvre et portent des talons hauts. Donner à des fillettes des allures de femmes, c’est le principe même de ces concours de mini miss.

Bien qu’ils soient présentés comme un divertissement innocent, les concours de beauté pour enfants ne sont pas sans conséquences. Ils risquent par exemple de favoriser l'égocentrisme des fillettes. Dans ces compétitions tout est porté sur le physique, les juges notent, sourire, la coiffure, les yeux et la robe. Tout laisse croire à ces très jeunes filles qu’elles n’existent que par leur physique. 

Hypersexualisation et monétisation 

Les petites filles sont hypersexualisées et portent des tenues courtes et provocantes avec un maquillage chargé. Ces compétitions posent des problèmes pour leur sécurité. En 1996, les Etats-Unis ont ainsi connu l’un de leur pire fait divers avec l’assassinat de la petite JonBenet Ramsey, le lendemain de Noël. A seulement 6 ans, elle avait de nombreux titres de mini miss et aurait pu attirer l’attention d’un tueur d’enfant lors d’une compétition. Son meurtre reste aujourd’hui un mystère. En 2022, Kailia Posey, connue pour avoir participé à l’émission Toddlers & Tiaras, qui suit les mini miss et leurs parents à mis fin à ses jours, elle avait seulement 16 ans. 

A travers ces concours les parents utilisent leurs filles pour gagner des récompenses ou de l’argent. Certaines mères espèrent notamment que leur enfant sera repéré lors d’un concours pour ensuite tourner dans des publicités ou des films et amasser de l’argent. De nombreuses émissions comme “Mini miss : qui sera la plus belle ?” montrent que certaines mères vivent la compétition par procuration à travers leurs filles. 

Outre l’hypersexualisation et la monétisation, récemment une mini miss a carrément fumé lors d’un concours. Âgée de quatre ans, Destiny était habillée comme la protagoniste de Grease, Sandy. Au moment de monter sur scène, sa mère lui a alors crié: « N’oublie pas de fumer »… Bien évidemment, il s’agissait d’une fausse cigarette. La mère de la fillette s’est justifiée en disant que : « Dans le film, Sandy arrive et jette au sol sa cigarette, Destiny a fait pareil. C’est juste un rôle. Elle ne fume pas, elle a fait ça pour son image ». 

Interdits aux moins de 16 ans 

La France a aussi connu son lot de concours de concours pour les fillettes de 5 ans à 12 ans. La compétition mini miss France a eu lieu jusqu’à son interdiction en 2013. A l’époque, les règles étaient cependant assez strictes, pas de maquillage ni de talons pour les moins de 10 ans. Malgré un encadrement moins laxiste qu’aux Etats-Unis, la France a définitivement interdit les concours aux filles de moins de 16 ans. A l'époque, les Etats-Unis avaient pris cette loi comme un acte anti-américain qui dénigrait leur culture. Chantal Jouanno, sénatrice à l’origine de cette mesure, expliquait qu’il ne fallait pas “laisser croire aux filles dès leur plus jeune âge qu’elles ne valent que leur apparence”. 

Par Juliette Paul



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