Restos du cœur : une mobilisation cruciale pour l’association et ses bénéficiaires

Restos du cœur : une mobilisation cruciale pour l’association et ses bénéficiaires

Le week-end du 1, 2 et 3 mars a eu lieu la collecte annuelle alimentaire des Restaurants du cœur. Lancée en 1985 par Coluche, l’association a pourtant souffert de gros soucis financiers en septembre dernier.

 

Nous avons alerté sur cette situation depuis plusieurs mois. À ce rythme-là, si on n'y fait rien, les Restos du cœur pourraient mettre la clé sous la porte d'ici trois ans”, avait alerté Patrice Douret, son président, il y a 6 mois. Malgré l’aide de 15 millions d’euros promise par l’État et les dons, cumulant un total de 32 millions, les Restos du cœur ont tout de même dû refuser plus de 110 000 personnes durant l’hiver. Bien que les donations et les subventions du gouvernement ont permis à l’association de garder la tête hors de l’eau à court terme, elle est encore loin d’être tirée d'affaire. Lors d’un communiqué fin octobre, elle considérait que le budget était “loin d’être assuré” à cause de “la constante augmentation du nombre des plus précaires”. Avec la hausse du prix de l’énergie et du carburant, qui touche aussi bien les Restos que les plus pauvres, la crise économique a heurté beaucoup de français de plein fouet, qui ont perdu la capacité de pouvoir se nourrir correctement.

 

Cette collecte de mars était donc d’une importance capitale pour cette dernière mais surtout pour les 1,3 millions de bénéficiaires de 2023. Le nombre de personnes dans le besoin n’a jamais été aussi grand et il a augmenté de 30% sur un an. De plus, les ressources se tarissent mais pas les besoins, qui, eux, deviennent de plus en plus importants. Les 80 000 bénévoles répartis dans les 7 500 magasins partenaires de l’Hexagone plaçaient beaucoup d'espoir durant ces trois jours : c’est 12% des dons en nature de l’année qui sont amassés à ce moment-là. Ils permettent ainsi de nourrir les plus démunis jusqu’à la prochaine mobilisation hivernale. Sans cette dernière, dès avril, les entrepôts sont vides. Heureusement,les donateurs sont au rendez-vous. “Les gens sont toujours généreux”, confie Rachel, une bénévole qui n'hésitait pas à interpeller ceux qui passaient les portes du magasin dans lequel elle donnait de son temps. “On a parfois de bonnes surprises. Une femme nous a laissé un caddie complet vendredi. C’est sans doute quelqu’un qui a dû avoir besoin des Restos par le passé”, continue-t-elle. L’objectif du week-end était de récolter 9 000 tonnes de denrées non périssables et de produits d’hygiène. 

 

En plus de cette mobilisation nationale, l’association peut aussi compter sur le concert des Enfoirés, diffusé par TF1 le vendredi premier mars et qui a rassemblé 8,5 millions de spectateurs. “Le concert des Enfoirés reste une manne financière très importante : 10% de la totalité de nos dons chaque année”, dévoile les Restos. Cette année, le show a eu lieu à Bordeaux en janvier, devant 53 000 personnes. Les places vendues entre 60 et 85 euros, les CD, les DVD, les T-shirts et autres produits dérivés leur ont rapporté en 2023 environ 13,4 millions. Lors du Covid, les Enfoirés avaient été légèrement mis à mal : 3,5 millions d’entrées avaient été perdues. La pandémie suivie de l’inflation n’ont été d’aucune aide pour l’association et ses finances, alors que le nombre de bénéficiaires a augmenté.

 

Ces derniers ont d’ailleurs changé de profils. “On a beaucoup moins de retraités et on voit de plus en plus de personnes seules ou bien des familles. On a besoin de petites boîtes de conserve”, déclare Rachel. L’année précédente, c’est 171 millions de repas qui avaient été distribués au plus démunis, année record. Pourtant, les barèmes pour pouvoir être éligible à cette aide alimentaire ont été revus à la baisse, réduisant ainsi les paniers de ceux dans le besoin. Cependant les bénévoles sont toujours autant présents et mobilisés pour aider et donner de leur temps. “Cette année, on n'a eu aucun mal à trouver des bénévoles pour ce week-end”, se félicite Rachel. En plus de cela, indépendamment de la collecte nationale, certaines petites communes organisent aussi les leurs de leur côté, pour soutenir la cause.

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