Sur X et Facebook, les arnaques usant de fausses interviews et vidéos pullulent

Sur X et Facebook, les arnaques usant de fausses interviews et vidéos pullulent

Depuis quelques semaines, des publications sponsorisées se font passer pour des célébrités et des médias en utilisant leurs logos. Leur but ? Faire cliquer l’utilisateur pour ensuite le rediriger vers un article complètement inventé dans lequel une personnalité fait la promotion d’un moyen facile pour gagner de l’argent grâce à de la cryptomonnaie ou des investissements.

 

“Une erreur lui aurait coûté sa carrière”, c’est ce qu’il est possible de lire en dessous d’une image de l’humoriste Jamel Debbouze, menotté. Le titre, intriguant, pousse les internautes à cliquer par curiosité pour en savoir plus sur cet accident, complètement inventé. Un simple clic sur l’article et il ramène la personne sur un site web similaire à celui du journal Le Monde, où est mise en page une fausse interview de la célébrité, révélant une technique incroyable pour gagner de l’argent facilement. Il s’agit en réalité d’une arnaque. Le site ne renvoie pas à la page internet officielle du média concerné et l’interview rapporte des propos complètement faux.

 

Les images aussi sont truquées. Ainsi, la photo qui aurait pu potentiellement conduire l’utilisateur à cliquer est un montage de l'humoriste ou de la personnalité publique. Dans le cas de Jamel Debbouze, le cliché d’origine montre un manifestant se faire arrêter, en Australie, pendant une manifestation anti-confinement. Ce dernier n’est pas le seul concerné par cette usurpation d’identité : Vincent Cassel, Elise Lucet, Francis Cabrel, tous ont été victimes de ce genre de contenu sponsorisé sur X (anciennement Twitter) ou Facebook.

 

Les escrocs vont parfois encore plus loin pour essayer de faire tomber les plus crédules dans leurs pièges et mélangent vrais extraits vidéos décontextualisés et Intelligence Artificielle. Grâce à cette dernière, ils peuvent ainsi usurper la voix d’une personne et lui faire dire des propos qu’elle n’aurait pas tenu. C’est ainsi qu’une fausse vidéo reprenant des images du journal télévisé de TF1, a mis en scène la journaliste Anne Claire Coudray, lors d’une interview avec Maître Gims, sponsor d’une nouvelle “application exclusivement pour la France” permettant de gagner de l’argent de manière très rapide. Si l’interview a bien eu lieu, c’était en 2022, lorsque le chanteur avait été invité pour parler de son nouvel album : aucun rapport donc avec une application quelconque.

 

Ce genre de contenu, appelé “Deepfake”, n'a pas pour but de cibler un type de personne en particulier, mais de toucher un maximum de monde. “Ça peut être très profitable. Ils font de la masse, pas du ciblage de qualité. Ils lancent les gros filets, la plupart des petits poissons s'en sortent, les gros poissons continuent à donner et ça finance l'opération”, explique Alexandre Alaphilippe, directeur exécutif de l'ONG européenne EU DisinfoLab spécialisée dans la lutte contre la désinformation.

 

Certains internautes voient tellement de fois ce genre de contenu sur Facebook ou X, qu’ils se sentent “harcelés”. “[...] ce genre d'arnaque circule depuis maintenant presque dix ans sur Meta et [...] ça continue à circuler assez facilement. Les utilisateurs de Facebook ne sont pas en sécurité sur la plateforme parce qu'ils peuvent se faire avoir et donner de l'argent à des cybercriminels”, déplore Alexandre Alaphilippe. Le système est bien rodé, et profitable à Facebook : les escrocs arnaquent des utilisateurs, paient la plateforme avec l’argent escroqué pour voir leurs contenus mis en avant et peuvent ainsi continuer à promouvoir de faux articles.

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