La fièvre sportive des années 80

La fièvre sportive des années 80

Le sport prend une tout autre dimension en France depuis plus de 40 ans. Il occupe désormais une place omniprésente dans la vie de chaque français. Comment a-t-il pu évoluer et s’intégrer au point d’en devenir indispensable au sein de notre société ?

Alors comme ça, on est des perdants en France ? Un sursaut d’orgueil pour un pays jusqu’alors pas très récompensé niveau sportif. Une étiquette de vaincus et non de vainqueurs qui est pourtant arrachée et jetée à la poubelle à partir des années 80. La raison revient à des hommes, animés par un esprit conquérant et nouveau. On connaît les 4 Fantastiques, ici, on peut dire qu’ils sont 5. Michel Platini, le prodige du football, trois fois ballon d'or en 1983, 84 et 85, le fer de lance de l’équipe de France qu’il emmène gagner l’Euro en 1984 et porte lors des premières bonnes Coupe du Monde du pays en 1982 et 1986. Yannick Noah est le premier vainqueur français du tournoi de tennis de Roland-Garros en 1983. Encore aujourd’hui il reste le seul français à avoir gagné un tournoi du Grand Chelem depuis 1946. Serge Blanco, le “Pelé du rugby” offre la première finale des Bleus lors de la Coupe du Monde de rugby en 1987. Il gagne six trophées du Tournoi des V nations entre 1981 et 1986. Alain Prost est quatre fois champion du monde de Formule 1 en 1985, 86, 89 et 93, le dernier pilote français à avoir remporté cette coupe. Et pour terminer, Bernard Hinault, gagnant par cinq fois du Tour de France, co-recordman de la compétition en 1978 et 1985. Ces cinq ovnis sont pour beaucoup dans l’évolution du sport en France. Charismatiques, adulés, dominants. Toutes leurs qualités poussent les Français à vouloir leur ressembler et donc s’adonner au sport. Qui ne veut pas suivre les gagnants ? Pour une fois en France, les jeunes ont des modèles à suivre. Dribbler comme Platini, servir à la Noah, courir aussi vite que Blanco, conduire vite comme Prost ou encore pédaler sans jamais s'arrêter à la Hinault. Un renouveau qui propulse le sport dans une autre dimension et pousse la société à s’y adapter.

Le gouvernement sort le thermomètre. 

Pour gérer cette fièvre, les instances élèvent le sport à une place beaucoup plus importante dans le visage du pays. La professionnalisation de plusieurs autres sports prouve que le but est de s’appuyer sur cette vague d’attention et de trouver des icônes françaises dans d’autres domaines. En 1990, le basketball, le handball ou encore le volleyball bénéficient de cette politique. Un mouvement gagnant qui prend du temps à se dévoiler, mais se révèle fructueux. Ces sports connaissent leur apogée dans les années 2010 et des figures dominantes ressortent, Tony Parker pour le basketball ou encore les frères Karabatic pour le handball. L’arrivée en force de la télévision en 1980 fructifie cet intérêt naissant et permet aux Français de suivre les épopées des différents champions. C’est en 1990 que des chaînes spécialisées sport apparaissent en France, avec la plus connue et toujours en place, l'Équipe TV. Conscients de l’argent pouvant y provenir, c’est aussi au milieu des années 1980 que les paris sportifs se trouvent légitimés. Télévision, paris, nouveaux sports, l’Etat a compris à quel point le sport pouvait dynamiser son économie et de ce fait met le plus en avant l’importance de ce dernier. La politique se retrouve alors liée à ce domaine, François Mitterrand en 1981 réintègre les enseignants d’EPS au ministère de l’Education nationale. En 1984, le gouvernement déclare que le développement du sport est une mission de service public. Un tout autre visage pour un pays, dans lequel il y a encore quelques dizaines d’années auparavant se trouvait une certaine honte de suivre le sport, de lire un journal sportif dehors. Pourtant ces hommes ont pu inverser cette dynamique et contribuer à cette évolution. L’Etat profite de cet engouement pour organiser alors des compétitions comme la Coupe du Monde de football en 1998, le plus iconique d’autant plus qu’au bout, la France obtient le sacre. Une volonté de l’Etat d’au mieux concrétiser cet intérêt pour en profiter économiquement, mais aussi s’appuyer politiquement sur des programmes sportifs.

Une température loin d'être dépassée

Cet âge d’or encore aujourd’hui est idéalisé et admiré. Toute une nouvelle génération est née de ces légendes, de ces premiers gagnants. On oublie jamais les premiers et surtout rien n’est meilleur qu’une première fois. C’est donc au début de ces années 80 que ces sportifs ont permis au sport d’évoluer en ce qu’il est devenu. Désormais, sa place est toute faite et le sport est indéboulonnable. Pourtant, cet esprit peut aussi avoir évolué dans un tout autre but, de plus en plus, le sport se retrouve entaché d’accusations concernant la perte de son sens. Il serait devenu corrompu par l’argent et entaché de sa réelle valeur. Avant, les gagnants voulaient obtenir la victoire pour leur pays, leur amour de leur sport,. Non pas pour une prime, qui dans les années 80 auraient été impossible à imaginer. Un choc des époques laissant entrevoir une autre question, la nouvelle dimension du sport n’a pas perverti ces activités en les dénuant de leur véritable sens ? 

Ismaël El Jamal

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