Magic Johnson, pionnier malgré lui

Magic Johnson, pionnier malgré lui

7 novembre 1991, séisme dans le monde de la NBA. Le joueur star des Lakers Earvin “Magic” Johnson a une annonce, il est séropositif. Pourtant figure de la ligue de basketball américaine, Magic passe de héros à paria dans une société où le VIH était encore tabou.

“Je veux juste comprendre, j’ai le VIH, pas le sida n’est-ce pas ?”. Ce jour-là, la vie de Magic Johnson bascule dans un cauchemar. Incompréhension et inquiétude sont omniprésentes pour le joueur phare des Los Angeles Lakers, lui le grand Magic, celui que tout le monde adulait. Après un déplacement et le traditionnel examen médical, le médecin du club le rappelle et lui annonce qu’il est séropositif. Un jour plus tard, une conférence de presse est organisée d’urgence et le meneur de 2 mètres 06 dévoile sa maladie dans une salle qui de part son silence et ses larmes prend des allures de cathédrale. Homme modèle sur et en dehors des terrains le temps est à l’incompréhension. Comment ? avec qui ?. Les questions fusent, tout d’abord on imagine que c’est des suites d’un rapport homosexuel. Pourtant ce n’est pas le cas, Magic a contracté le virus via une prostituée, lui, l’homme franchement marié et bientôt père de famille. Dépité il annonce concernant sa femme ; “C’est difficile, je l’aimais tellement”. Sa carrière prend donc un chemin inattendu, celui de l'arrêt inopiné, brusque.”À cause du virus que j’ai contracté, je dois me retirer de l’organisation des Lakers”.

Seul contre tous

Dans une société encore étrangère à l’acceptation de ce virus et rapidement paniquée, Magic est esseulé. Malgré la tromperie, sa femme reste l’une des seules à l’épauler avec quelques amis de la NBA (Micheal Jordan, Larry Bird ou encore Pat Riley). On l’imaginait déjà condamné, mort avant l’heure. Pourtant, il ne faut pas vendre la peau de Magic avant de l’avoir tué. Le manque de médicaments et de remèdes ne décourage pas Earvin. “Ce n’est pas comme si ma vie était foutue. Parce qu’elle ne l’est pas. Je vais continuer à vivre. Rien n’a changé”. Un esprit combatif et déterminé qui porte ses fruits. En 1992, Magic est en pleine forme et envisage désormais un retour. Pourtant les autres pensionnaires de la Nba se méfient encore de lui et de sa maladie tout autant que les personnes de la vie courante. “Certains abandonnent la piscine lorsque je la rejoins par crainte de contracter le virus”. C’est lors de l’élection du public pour le All-Star Game de 1992 qu’un tremblement de terre survient. Les fans ont élu Magic pour jouer dans les sélectionnés et Tim Hardaway meneur de l’équipe All-Star de la conférence Ouest décide de laisser sa place de titulaire à l’ex-magicien des Lakers. 29 minutes, 25 points et 9 passes décisives, Magic est désigné meilleur joueur du match et félicité par les stars présentes sur le terrain. On peut donc alors penser que son retour est acté. Impossible de le revoir en NBA pour certains joueurs, des polémiques fusent. Anonymement beaucoup se soulèvent contre Magic. Karl Malone, star des Utah Jazz déclare ; “On ne peut pas nous dire qu’il n’y a aucun risque”.On accuse alors la league de prendre des gants avec l’ex-vedette des Lakers.

Une plus grande victoire

Encore joueur en 1991, Magic faisait partie de la liste des joueurs sélectionnés par les Etats-Unis pour les Jeux Olympiques de Barcelone en 1992. Il persuade Michael Jordan et Larry Bird de jouer et la légende de la “Dream Team”, désormais iconique, voit le jour. Médaille d’or en main et meilleur passeur du tournoi, Johnson n’a pas perdu de sa Magic. Retour aux vacances pour l’ancien des Lakers, jusqu’en 1996 et son retour chez les Angelinos, une surprise pour aider l’équipe lors d'une dernière saison. Un baroud d’honneur, un sursaut d’orgueil pour celui qui était destiné à terminer en beauté. Pourtant sa victoire fut plus grande, après des années de batailles pour se faire accepte, Magic contribue à l’acceptation des autres victimes du VIH et du Sida. Magic est alors un symbole d’espoir pour tous ceux touchés par cette maladie. Le numéro 32 n’avait jamais prévu d'emprunter ce chemin et devenir un étendard pour cette cause. Désormais c’est un héros à deux capes, l’une portant les couleurs des Lakers et l’autre celle de la vie. “Cela s’est avéré être la bonne décision, ça a aidé les personnes qui vivaient non seulement avec le VIH et le sida, mais avec n’importe quelle maladie, parce que vous pouvez malgré tout vivre une vie productive”.

30 ans plus tard, Magic est toujours actif dans la lutte pour la sensibilisation au sida. Il est l’exemple même que dans ce grand match appelé la vie rien n’est jamais terminé, tant que le coup de sifflet final n’a pas retentit.

Ismael El Jamal

 

Retour au blog

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.